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Interview d'Amandine Albisson

Selon ses propres mots, Amandine Albisson est… Danseuse Étoile à l’Opéra de Paris, depuis le 5 mars 2014.
Elle nous raconte qu’elle a toujours voulu, depuis sa jeune enfance, être danseuse.  À l’âge de 6 ans, devant l’Opéra de Paris, elle dit à sa mère « Je danserai là ». À 9 ans, elle est déjà en internat sports-études, à 17 ans elle intègre l’Opéra de Paris après avoir réussi le concours d’entrée, puis gravit les passages de grades. « Mon parcours est finalement très classique, j’avais juste cela en moi » dit-elle simplement, comme si elle ne se rendait pas compte de la justesse prémonitoire de son intuition de départ, du caractère extraordinaire de son parcours.
Nous nous réjouissons de la revoir enfin à l’Opéra, au fil des deux balais In The Night et The Vertiginous Thrill of Exactitude.

Toutes les femmes ont mené un combat à un moment ou un autre. Quel fut le plus important challenge dans votre vie ? 
La danse du Boléro de Béjart. Un solo ensorcelant durant lequel on est entouré(e) de danseurs qui nous rejoignent peu à peu. Pour nous cette chorégraphie fait partie du top 3. Elle est connue pour être particulièrement éprouvante et mène au bord de l’épuisement. Vivre cette expérience est une chance, malheureusement je me suis blessée sévèrement 6 semaines plus tôt. Cependant, il ne faut jamais laisser passer la chance ! Alors je me suis battue plus que jamais, autant physiquement que mentalement et ai fini par réaliser cette danse. J’ai le souvenir d’un moment d’une intensité émotionnelle incroyable. Cette chorégraphie est tellement difficile par l’effort qu’elle demande, qu’il est rare qu’on arrive au bout durant les répétitions qui se font en solo uniquement. Mais lors des représentations, on se retrouve porté(e) par l’énergie des danseurs qui nous entourent, ce sont eux qui nous portent jusqu’au bout finalement.

À quel moment avez-vous le sentiment qu’il faut savoir faire preuve de force ? 
Au moment de rentrer en scène. Il y a ce pas décisif, ce point de bascule entre les coulisses et la scène, quelques dizaines de centimètres qui nous font passer de l’ombre à la lumière qui nous révèlera complètement aux yeux du public, qualités et défauts compris. C’est un simple pas en avant qui revient presque à un saut dans le vide.

Tour à tour faites d’ombres et de lumières, ainsi sont les femmes, en écho à la lune qui nous régit.
Quelle est votre part de lumière, quelle est votre part d’ombre ? 

Ma part d’ombre réside dans mon perfectionnisme qui peut être un défaut terrible. Je nourris une forme d’obsession dans le travail et l’organisation. Pourtant, je suis convaincue que c’est ce cadre même qui me permet de m’exprimer et d’en profiter réellement. Je me mets des barrières immenses, mais je crois que c’est aussi pour avoir le plaisir de les franchir. Ma part de lumière se trouve certainement dans mon instinct, j’ai choisi de toujours lui faire confiance.

Exprimez votre conviction la plus importante, celle qui guide vos pas dans l’existence.
J’en ai une qui compte encore plus en ces temps particuliers, durant lesquels nous ne sommes pas complètement maîtres de nos quotidiens : « Fais de ta vie un rêve et de tes rêves une réalité ». Nous n’avons qu’une vie, elle passe si vite et nous nous devons d’en profiter.
Il faut continuer à rêver et réaliser nos rêves quoi qu’il arrive.

Mind upload. Notre héroïne Alyh télécharge son esprit dans un univers dans lequel elle évolue et se dépasse.
Quelles capacités développeriez-vous si l’aventure vous était proposée ? 

J’aimerais savoir parler toutes les langues. Certains de mes voyages ont généré une immense frustration de ne pouvoir poser toutes les questions que j’avais, de ne pouvoir interagir avec les gens, partager nos points de vue. En second choix, puisque j’ai fait du saut en parachute, j’aimerais assez aussi pouvoir voler sans accessoires !

Emmenez-nous dans votre safe space ?
Alyh crée par son imaginaire un monde entre solar punk et brutalisme. Le vôtre ressemblerait à quoi ?

Peu m’importe le contexte pratiquement, ce qui compte c’est mon entourage, il me faut ma famille et mes amis, et si je dois choisir un décor je rassemblerai alors la mer et la montagne pour en profiter avec eux.

Ne renonce jamais à… Que diriez-vous à votre meilleur(e) amie ou à votre enfant ? 
Ne renonce jamais à ton honnêteté. Il faut être avant tout honnête envers soi-même, accepter la remise en question.
Et aussi, ne pas renoncer à la curiosité, à notre capacité à générer de nouveaux rêves, à vouloir pour ensuite pouvoir.

The best… Ce dont vous êtes la plus fière ?
Petite fille, nous étions montées à Paris avec ma maman pour que je fasse un stage de danse. Je n’avais que 6 ans et j’ai dit à ma mère :
 « je danserai là plus tard ». J’ai réussi, j’ai réalisé mon rêve d’enfant.
Et maintenant que je suis femme et parce que c’est assez récent, je suis très fière de m’être mariée cet été avec l’homme que j’aime. C’est aussi une performance par les temps qui courent. Encore une fois, il faut toujours y croire et ne jamais laisser tomber.

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